
14 Fév FAUT-IL ÊTRE VEGETARIENNE A LA CINQUANTAINE?
En prenant de l’âge notre fonte musculaire nous amène à nous pencher sérieusement sur notre apport en protéines. Nous avons indéniablement besoin de ce macro nutriment en qualité et en quantité suffisante.
Les sources de protéines sont variées : produits animaux (viande, poisson, œuf) et végétaux (légumineuses, soja et produits dérivés). Savoir lesquelles choisir nécessite de mieux les connaitre.
Abordons l’une d’entre elle qui fait beaucoup parler d’elle : la viande.
La question de la consommation de viande est un sujet pour le moins controversé et souvent animé !
Accusée de bien des maux, la viande suscite de la méfiance et déchaîne parfois les passions. Tâchons de comprendre l’origine de ces querelles.
Pourquoi tant d’animosité envers les produits animaux ?
Une valeur symbolique :
Il semble intégré plus ou moins consciemment que le végétal soit le symbole de la vie et de la pureté . L’animal ,lui, apparaîtrait comme un symbole de mort et d’impureté.
L’origine de ces pensées prend certainement sa source au niveau religieux.
La question de la consommation de viande (et plus particulièrement la viande de porc) se retrouve dans les trois grandes religions monothéistes.
En premier lieu cela relèverait de préoccupations essentiellement hygiéniques .
Le porc se goinfre d’un peu de tout, y compris des ordures, des excréments et des cadavres d’autres animaux. Il serait considéré comme « la poubelle de la terre ».
Mais, du Coran à la Bible, il semblerait que les interdictions et restrictions soient aussi dues à des considérations plus stratégiques (voire politiques) et identitaires.
On pourrait se sentir bien loin de ces préoccupations, et pourtant…
Si le sujet de la consommation de viande soulève encore des débats c’est que finalement, plusieurs des problèmes sensiblement similaires persistent.
Il y est en effet encore question, de nos jours, de notre santé mais aussi de notre moralité.
Une valeur éthique
Pour cerner le débat il me semble important de comprendre les personnes qui ont choisi de ne pas consommer de produits animaux .
Penchons nous sur les courants végétariens et plus spécifiquement le courant vegan*
[* Une personne végétarienne ne consomme pas de chair animale. Elle ne mange donc pas de viande ni de poisson, mais elle peut consommer des œufs ou encore des produits laitiers. Il faut distinguer le végétarisme du véganisme, qui lui exclut tout produit issu des animaux. Il bannit donc les œufs, les produits laitiers (yaourts, fromage, etc.) ou encore le miel].
Le véganisme prône non seulement une alimentation sans produits animaux mais également un mode de vie fondé sur le refus de l’exploitation animale.
A l’origine la question du véganisme ne s’est pas posée en terme de santé.
Elle est apparue dans le débat public pour des raisons éthiques. On devenait végan pour ne pas cautionner le système d’agriculture moderne qui élève les porcs, des vaches et des poules dans des conditions inacceptables et les abats dans des conditions immorales.
Quel que soit notre régime alimentaire, militer pour la cause animale me parait tout à fait légitime et salutaire.
Mais un autre débat à fait couler de l’encre depuis des années où il est question ici de santé.
Une valeur hygiéniste
La viande serait dangereuse à consommer à cause de sa haute teneur en acides gras saturés.
Les acides gras saturés seraient-ils mauvais pour la santé ?
Voici un des sujets les plus controversés dans le domaine de la nutrition à l’heure actuelle.
Ce nutriment que nous consommons depuis la nuit des temps, est devenu soudainement, en l’espace de quelques décennies , l’ennemi public n° 1 de notre santé cardio-vasculaire.
Comment s’y retrouver dans cette controverse ?
Les arguments s’appuyant sur les observations de nos ancêtres restent toujours infaillibles pour moi.
Ce qui se rapproche le plus de notre nature me semble toujours le plus sûr !
Il se trouve que les graisses saturées sont naturellement présentes dans les aliments que nous consommons depuis des millénaires. Elles nous ont permis de survivre et d’évoluer en tant qu’espèce.
Nos ancêtres comme guides de notre survie
Nous sommes omnivores
Les paléoanthropologues ont découvert que la nourriture à la préhistoire était composée de viande et confirme que l’homme est omnivore.
Nous, hommes des pays riches , nous sommes peu à peu déconnectés de notre milieu naturel. Nous avons perdu le lien avec la terre qui nous nourrit et des êtres vivants qui nous fournissent leur chair .
A la lumière du mode de vie de nos ancêtres, jamais, dans toute l’histoire de l’humanité nous n’avons été habitués à ne manger que des végétaux.
Le végétarisme semble plus compatible. Il existe des tribus de chasseurs-cueilleurs quasi végétariennes . Les habitants de Kitava par exemple ne mangent presque jamais de viande, mais consomment du poisson (pesco-végétarisme) .
Voilà qui abonde l’idée qu’un mode alimentaire favorable à notre santé contient des produits animaux. Les différences se constatent essentiellement et très clairement entre la latitude (ou les saisons) et les choix alimentaires.
La forte consommation de viande grasse et de poissons des Eskimos en est un parfait exemple . Ces habitants vivant des hivers longs et rigoureux sont en bonne santé.
Cette constatation ne nous empêche pas de nous poser la question de la cause animale et d’envisager une autre façon de consommer ces aliments.
Nous sommes des êtres spirituels
« Je te vois frère et je te remercie. Ton esprit rejoint Aywa, ton corps reste ici pour faire partie du peuple ». Vous souvenez vous de cette réplique adressée à l’animal que le héros vient de tuer dans le merveilleux film d’Avatar?
Voilà une belle leçon de sagesse qui nous invite à réfléchir sur le respect de toutes formes de vie lorsque l’on se nourrit.
Changer son rapport au monde animal
De tout temps, les peuples chasseurs-cueilleurs pratiquent des rituels de chasse : avant, pendant et après la chasse. Une façon d’exprimer leur reconnaissance : « je m’excuse, mais j’ai besoin de te manger pour vivre, je te remercie de ce don ». Même le dépeçage et la consommation de l’animal sont ritualisés. En outre, chez eux, il n’y a jamais de massacre : on tue le nombre dont on a besoin pour faire vivre le groupe dans son entier
Il y a une distinction très forte entre le rapport aux animaux des peuples chasseurs- cueilleurs et le nôtre.
En Occident, on achète un morceau de viande dans un magasin, qui est formaté, on ne reconnaît plus l’animal , on ne sait pas d’où il provient.
Mais chez les peuples chasseurs, on ne mange pas de la viande mais un animal bien visible. Ces êtres humains se perçoivent comme intégré à la nature, une partie d’elle, ce que nous avons complètement perdu. Tuer un animal signifie pour eux tuer son frère.
Les peintures et gravures sur les parois des grottes attestent peut être du respect et sans doute des préoccupations spirituelles des hommes préhistoriques envers les animaux.
Les tribus de chasseurs cueilleurs vivant encore aujourd’hui adoptent ces mêmes rituels.
La science vient confirmer notre besoin en produits carnés
Quand la science rejoint…le bon sens
Au cours des dernières années, de plus en plus d’experts se sont rendu compte que les graisses naturelles provenant d’aliments bruts, non transformés, sont tout à fait saines.
Depuis ces dix dernières années, de nombreuses revues de la littérature scientifique en sont venues à la conclusion qu’il n’existe absolument aucun lien de causalité entre les graisses saturées et les maladies du cœur, en particulier chez les personnes qui consomment peu de glucides.
Elles ont montré que la réduction des graisses saturées dans l’alimentation ne réduit pas le risque de développer des maladies cardio-vasculaires.
D’ailleurs, quand on pense graisses saturées, on pense souvent à la viande , mais saviez-vous que dans les poissons gras, les noix et l’huile d’olive il y a respectivement 1,5 fois , 3 fois et 7 fois plus de graisse saturée que dans le bifteck ?
Savez-vous que le lait maternel contient également une bonne proportion de graisses saturées ?
Notre organisme a besoin de graisses animales.
Les matières grasses animales (notamment celle du porc) sont celles qui ressemblent le plus aux nôtres!
Voilà pourquoi ce sont celles que notre corps a le plus de facilité à reconnaître et à métaboliser.
Quels sont les intérêts nutritionnels de la viande?
La viande a une composition équilibrée en acides aminés
La teneur en lipides varie avec les types de viande (de 3 à 23%). Ainsi les viandes blanches sont pauvres en graisses tandis que le porc et le bœuf sont plus riches.
En plus de ses teneurs élevées en fer la viande apporte du fer héminique
Il représente 50 à 80 % du fer de la viande selon les espèces et est mieux absorbé que le fer non héminique présent dans les légumes, les légumes secs ou les céréales. D’autre part, la viande améliore de deux à trois fois l’absorption du fer non héminique des autres aliments qui l’accompagne au cours du repas.
La viande constitue l’une des meilleurs sources alimentaires de zinc avec à la fois des teneurs importants (2 à 7 mg/100g) et une très bonne biodisponibilité par rapport au zinc des autres sources d’aliment.
Elle fait également partie des aliments qui contiennent le plus de sélénium soit 6 à 14 µg/100g pour les viandes en moyenne et jusqu’à 90 pour le foie ou 116 pour les rognons.
La viande représente aussi une source majeure de vitamines PP, B6 et tout particulièrement la vitamine B12 qui est exclusivement présente dans les produits d’origine animale
Si on conçoit que l’homme n’est pas fait pour ne pas manger de viande et si la science apporte des preuves qu’elle est bonne pour notre santé, comment se fait-il qu’il y ait autant de personnes pour préférer une alimentation végétarienne ?
Qu’est-ce qu’on appréhende alors dans la viande ?
De nombreuses études ont observé la santé des végétariens et végétaliens. L’une d’entre elle conclut qu’être végétarien diminue la mortalité cardio-vasculaire de 34%. Voilà qui a incité de nombreuses personnes à devenir végétariennes !
Le problème c’est que l’on oublie plusieurs paramètres
Des études biaisées
Le premier paramètre est que les végétariens sont des personnes sensibilisées aux questions de santé, elles font plus attention à leur mode de vie, fument généralement moins et font souvent plus de sport que les omnivores.
Le deuxième paramètre c’est la qualité et la quantité de consommation de viande d’aujourd’hui
Dénonciation de surproduction !
Le plus gros problème avec la viande c’est la place ubuesque qu’elle a pris dans notre alimentation moderne
Un élevage loin d’être sage !
Les conditions de production de la viande ont été un facteur de malnutrition dans le monde. On sait par exemple qu’il faut une quantité phénoménale d’eau pour cultiver un champ permettant de nourrir un bœuf. Si ce bœuf peut nourrir dix personnes , le champ lui aurait pu en nourrir 100.
On sait aussi qu’une surconsommation de viande, et surtout celle de veau et de bœuf, est responsable à elle seule de près d’un tiers des émissions de CO2 de l’agriculture.
Outre ce problème environnemental et sociétal cela pose aussi un sérieux problème pour notre santé.
C’est la concentration de xénobiotiques et d’antibiotiques présente en excès ans les acides gras saturés d’origine animale qui les rendent particulièrement nocifs.
Mais le problème ne vient pas que du côté du producteur.
Le consommateur a aussi sa part de responsabilité.
Les excès nous excèdent !
La surconsommation de viande, notamment la viande rouge, favorise les maladies cardiovasculaires, le cancer du côlon, la goutte, les calculs rénaux, par l’apport de matières grasses saturées et de cholestérol.
La viande en excès , associée aux glucides , déclenche des acidoses particulièrement néfastes à la ménopause.
L’article « les protéines quel dosage avec l’âge » vous expliquent tout cela en détail.
Choisir un mode de consommation sage pour notre âge
Notre organisme est donc bien adapté pour manger de la viande mais sous certaines conditions.
Il est vrai que les méthodes de production de la viande, à l’heure actuelle, ne nous encourage pas à en consommer.
Ne pas manger de viande est un choix éthique tout à fait légitime et des alternatives sont possibles pour éviter les carences.
Si l’on décide d’en manger, il est temps, lorsque l’on prend de l’âge, de s’interroger, plus que jamais, sur la qualité (provenance, condition d’élevage) et la quantité de sa propre consommation.
Nous avons maintenant, à cinquante ans et plus , le recul nécessaire pour adopter de sages décisions et donner l’exemple aux plus jeunes.
Il en va de notre santé mais aussi de celle de nos enfants et petits enfants à qui nous léguons notre planète.
Pour conclure : un dilemme
Être ou pas végétarienne à la cinquantaine relève tout d’abord d’un choix sociétal qui est l’affaire de chacune.
D’un point de vue nutritionnel les discours évoluent . Nous savons dorénavant que le fléau alimentaire ne se situe plus sur les « mauvaises graisses » de la viande mais sur le sucre.
Or , une alimentation végétarienne est inévitablement beaucoup plus glucidique. Nous savons qu’ à la ménopause, il est particulièrement appropriée de réduire sa consommation de glucides.
Ce point s’avère d’une importance capitale et nous place face à un dilemme de taille !
Comment trouver une bonne source de protéines sans pour autant faire exploser les taux de glucides?
Je vous précise tout ça dès le prochain article « choisir ses protéines pour mieux vieillir »
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