BAISSE DU MÉTABOLISME AVEC L’ÂGE, UNE FATALITÉ ?

On entend souvent parler du métabolisme. Il est sur toutes les couvertures de magazines santé et beauté féminins mais, en fait, personne ne saurait le décrire très exactement.

En prenant de l’âge on entend dire aussi que la baisse du métabolisme serait inévitable, qu’il ralentirait de façon « naturelle ».

C’est sur ce ralentissement, suspect à mes yeux, que je souhaiterai revenir et approfondir un peu la question.

Qu’est-ce que le métabolisme ?

 

santé magazine

 

Le métabolisme est un ensemble de réactions chimiques qui se produisent dans le corps pour convertir en énergie ce que l’on mange et ce que l’on boit.

Pour y parvenir l’organisme , à l’aide de l’oxygène, convertit les calories, pour fournir de l’énergie disponible.

Le métabolisme ne sert pas juste à brûler des graisses, il sert aussi , et d’abord, à répondre à tous nos besoins primaires : respirer , digérer, faire circuler le sang, battre le cœur, réparer les cellules et les peaux blessées.

Il sert pour une grande part (16 fois plus que pour les muscles) pour notre cerveau. Enfin, il permet d’ajuster les niveaux d’hormones.

A ces besoins primaires s’ajoutent les dépenses énergétiques en plus , qui réclament un surplus d’énergie. Cela concerne tous les mouvements du quotidien.

Ce qu’on nous dit :

 

On nous dit tout d’abord qu’à 20 ans notre métabolisme fonctionne à plein régime. Je veux bien le croire sauf que, dans mon métier où je côtoie beaucoup d’adolescents, je constate que certains d’entre eux ont déjà un métabolisme défectueux.

Cela concerne ceux qui consomment, depuis très jeunes, sodas, glucides en tout genre et cumulent tout ça avec un manque d’exercice physique. Souvent fatigués et en surpoids, il se trouve que bien souvent, je me sens plus en forme qu’eux !

Cela me fait dire que l’âge n’a pas de conséquence directe sur le métabolisme.

Et puis la chute !

 

Qilibri Mag

 

Ensuite, à partir de 40 ans ce serait la chute vertigineuse de notre métabolisme.

A 50 ans , alors que la ménopause s’en mêle cela n’arrangerai pas les choses.

Et toutes ces données expliquent pourquoi , à partir de 50 on prendrait du poids.

Sauf que, là encore, je vois des femmes qui ne prennent pas de poids malgré l’avancée en l’âge et qui sont en pleine santé physique.

 

Alors cherchez l’erreur !

 

Ce qu’on ne nous dit pas

 

Tous ces chiffres s’appuient sur des constats, des observations sur la majorité de la population occidentale dans chaque tranche d’âge.

On constate donc , de façon tout à fait empirique , que les femmes à partir de 40 ans voient leur métabolisme décroitre.

Or, ce qui n’est pas précisé, c’est la façon dont ces femmes ont passé leurs quarante années préalables. .

Et, il se trouve que justement ces femmes ont des « critères de vie » commun.

Le premier critère, et non des moindres, est celui de l’alimentation

Dis-moi comment tu manges je te dirai comment tu vieillis !

 

 

 

 

Les constats dont on nous parle concerne une majorité de personnes qui adoptent une diète occidentale.

 

 

Alors à partir d’ici, je dois faire un petit aparté un peu scientifique.

A ce sujet, les conférences du professeur Benjamin Bikman ( Ketones- The Metabolic advantage, videos disponibles sur utube) sont particulièrement instructives.

Avec l’âge, prendre l’avantage…métabolique

 

Ce scientifique explique que l’on peut envisager le métabolisme, et plus particulièrement les raisons du surpoids, selon deux théories : la théorie calorique ou la théorie endocrinienne.

 

Sciences et Avenir

 

  1. La première théorie est très simple et celle que l’on connait tous. Elle explique un déséquilibre calorique. Quand on utilise ou que l’on stocke plus d’énergie que ce que l’on consomme, on grossit.
  2. La deuxième théorie, plus complexe et beaucoup moins connue, fait référence au déséquilibre hormonal et plus particulièrement à l’insuline.

Pour Bikman, c’est le contexte hormonal (et ici on parle surtout de la présence ou pas d’insuline) qui permet d’expliquer pourquoi le métabolisme se comporte d’une façon ou d’une autre.

Les calories ne comptent plus

 

Déjà en 1961 le docteur Herman Taller publiait un ouvrage au titre éloquent ; « Calories don’t count » (Les calories ne comptent pas).

Plus récemment, Gary Taubes (dans son livre : « Pourquoi on grossit ») démontre qu’ il existe bien peu de preuves pour étayer la croyance selon laquelle le nombre de calories dépensées aurait un impact sur le taux de graisse corporelle.

Ce n’est pas la dépense calorique provoquée par l’exercice physique qui fait pas perdre du poids .

La nutrition est plus complexe qu’une simple soustraction entre calories consommées et calories dépensées.

Zoom sur les hormones

 

Doctissimo

 

Ce ne sont pas les calories mais bien les hormones qui vont gouverner la façon dont notre corps stocke ou dépense de l’énergie.

 

Plus précisément, l’insuline va influer sur la nature même de notre tissu adipeux et de nos cellules.

 

 

Pour mieux comprendre cette influence nous devons faire un petit détour du côté de nos tissus adipeux. Encore un peu de science mais, vous allez voir c’est tout à fait passionnant !

Le professeur Bikman précise que nous avons deux sortes de tissus adipeux : les graisses blanches et les graisses brunes.

Tous les êtres humains ont ces deux types de graisses mais pas reparties de façon identique selon les personnes. Or , ces  graisses  ne se comportent pas du tout de la même manière selon leur couleur.

 

Psychomédia

Les graisses blanches pas si clean !

 

Les graisses blanches vont essentiellement stocker l’énergie dans des réserves.

Pour mieux comprendre leurs actions on doit y regarder de plus près , jusque  dans la cellule et encore plus près jusqu’aux mitochondries.

Mitochondries, de l’énergie plein la cellule

 

Les mitochondries sont des petites structures à l’intérieur des cellules. Une cellule contient plusieurs centaines de mitochondries

La mitochondrie est le lieu de la respiration cellulaire, c’est-à-dire l’endroit où est utilisé l’oxygène. Elles sont le lieu de la production la plus importante d’Adénosine TriPhosphate (ATP), le « carburant » énergétique des cellules. 

Autrement dit, le rôle principal des mitochondries est de transformer les nutriments (glucose, lipides) en énergie

Il se trouve qu’au niveau mitochondrial, non seulement les graisses blanches ont très peu de mitochondries mais en plus ces mitochondries vont utiliser la quantité juste nécessaire (et pas plus)  pour fabriquer de l’ATP. Ce qui n’est pas le cas dans les graisses brunes.

Les graisses brunes : déstockage à la une !

 

Les graisses brunes fabriquent de la chaleur et dépensent l’énergie Elles déstockent et possèdent beaucoup de mitochondries (d’où leur couleur).

A quantité égale d’ATP (d’énergie) produit, les graisses brunes vont consommer deux fois plus de nutriments.

Vous comprenez ici qu’il y aurait tout intérêt pour notre cher métabolisme de faire en sorte de booster nos graisses brunes. Car quand on prend du poids ,c’est surtout de la graisse sous cutanée qui est blanche.

Cette différence fondamentale de la structure du tissu adipeux exerce donc un impact considérable sur le métabolisme.

Reste à savoir alors d’où viennent ces maudites graisses blanches et comment « fabriquer » de la graisse brune ?

Bikman s’est posé la même question , et a réalisé des expériences tout à fait passionnantes.

Et c’est là où entre en scène l’insuline dont je vous parlais  ! et donc le facteur alimentaire (vous me suivez ?)

Quand tout dépend de l’insuline

 

www.chcbc.com

Les expérimentations scientifiques de Bikman apportent des résultats prometteurs.

D’abord sur les souris…

 

Après avoir réalisé des expériences sur des souris , Bikman constate que lorsqu’on place ces petites bestioles dans un contexte d’omniprésence d’insuline , leur stocke de graisses blanches augmente. Pour ce qui concerne les graisses brunes , leur mitochondries deviennent de moins en moins actives et auraient tendance à devenir blanches.

Et puis, l’expérience se poursuit en faisant l’inverse. On abaisse les taux d’insuline de façon à placer les souris en état de cétose (voir « Manger gras pour perdre du gras » pour comprendre ce changement métabolique). 

Dans ce nouveau contexte , les mitochondries des graisses blanches vont voir leur consommation d’oxygène augmenter (preuve d’une grande activité mitochondriale), vont consommer plus c’est-à-dire dépenser plus d’énergie et commencer à brunir.

Cette augmentation significative du nombre de mitochondries à l’intérieur de la cellule révèle une bascule du fonctionnement des cellules des graisses blanches comme celui des graisses brunes.

…puis sur les humains

 

Ce constat s’est ensuite confirmé sur des humains. Une expérience a été mené en plaçant un groupe en diète occidentale (taux de glucides élevés avec inévitablement une forte présence d’insuline) et un groupe en diète cétogène(réduction drastique de glucides et réduction de sécrétion de l’insuline) Pour comprendre ces diètes je vous invite à voir l’article « Qu’est-ce qu’une diète cétogène ?».

A apport calorique identique , on observe chez les sujets en cétose un changement des tissus adipeux . Les mitochondries consomment plus d’oxygène, dépensent plus d’énergie et sont de plus en plus actives. Les graisses blanches tendent à brunir.

Cela confirme que la théorie calorique n’est pas satisfaisante.

Bascule métabolique et âge

 

Et… élément qui nous intéresse au plus haut point…il se trouve que dans ce contexte, l’augmentation du métabolisme est très nette chez les personnes de plus de 40 ans , alors qu’elle est moins significative chez les jeunes

Qu’est ce que je vous disais !

N’y aurait-il pas chez les plus de 40 ans et plus un affaiblissement du métabolisme dû à des années de contexte insulinique ? Il semble , dans ce cas probable, que , dans ce contexte répété sur une grande période de vie la résistance à l’insuline finisse par arriver. Bon, ça ce n’est pas Bikman qui le dit…mais on peut se poser légitimement la question au regard de ces trouvailles !

Nous comprenons bien que, selon le contexte (insulinique ou pas), le métabolisme est capable d’effectuer une bascule à l’échelle cellulaire et au niveau des tissus adipeux.

C’est en plaçant l’organisme en état de cétose que l’on donne l’occasion à nos cellules de se modifier.

Autrement dit l’âge n’aurait pas grand-chose à avoir mais plutôt le contexte alimentaire dans lequel le sujet a évolué sur plusieurs années de sa vie.

Mais le métabolisme dépend aussi d’autres facteurs

Dis-moi comment tu vis je te dirai comment tu vieillis !

 

Le temps qui passe ne serait pas problématique si nos modes de vie étaient plus adaptés. Or, avec les années toutes ces fâcheuses habitudes finissent par se cumuler et notre organisme commence à sonner l’alarme !

Un mode de vie en déficit de mouvement

 

Marie Claire

 

 

Notre environnement occidental n’est pas favorable au mouvement, nos muscles ne sont pas tous sollicités de façon harmonieuse pour maintenir un métabolisme correct.

 

 

 

Un environnement peu favorable au sommeil

 

en FORME

 

Nos écrans et notre vie éloignée de la nature sont autant de facteurs qui contribuent à dégrader notre sommeil.

 

Or, c’est pendant le sommeil que notre organisme se régénère et recharge notre métabolisme.

Une façon de vivre engendrant du stress et de l’anxiété

 

Pour « arranger » le tout, notre société ne nous aide pas !

Le productivisme nous oblige à vivre des rythmes infernaux, qui se cumulent, pour les femmes, avec les obligations familiales.

La période de la ménopause est envisagée comme une maladie et traitée par des solutions médicamenteuses alors que bien souvent il suffirait que les femmes vivent dans un environnement moins stressant.

Et pour finir, notre société jeuniste nous fait perdre notre confiance et notre joie de vivre en générant de l’insatisfaction permanente et de l’anxiété

Voilà pourquoi notre métabolisme s’épuise !

Résultats des courses !

 

Un métabolisme non adapté au contexte insulinique (qui fonctionne de moins en moins bien avec les glucides), non adapté à un environnement sédentaire et stressant va bloquer certaines fonctions de votre corps.

En toute logique, notre organisme n’a plus d’énergie pour remplir les autres fonctions « secondaires » car moins essentielles à sa survie

Les symptômes suivants apparaissent :

cheveux qui tombent

ongles cassants ou qui poussent mal

 peau sèche

 baisse de la libido

 difficulté à perdre du poids

Problème de concentration, de mémoire

 Sommeil perturbé et fatigue chronique

souvent froid

 manque de motivation

 humeur changeante

 

Conclusion : ménopause et métabolisme même combat !

 

Pour une vie saine

Si les symptômes de la ménopause nous causent des désagréments il est fort probable que notre métabolisme y soit pour quelque chose. Le débat reste ouvert pour savoir lequel des deux dessert l’autre !

Dans un cas comme dans l’autre, un métabolisme en baisse est un signal dont il va falloir tenir compte au risque de s’affaiblir et d’être malade.

Maintenant qu’on a compris les causes on va pouvoir trouver des solutions ! 

Venez les découvrir dans l’article : « 7 conseils pour relancer son métabolisme à la ménopause »

 

4 Comments
  • Nath
    Posted at 08:35h, 20 juin Répondre

    Super article, tu m’as appris plein de choses, Carole.

    • Carole
      Posted at 07:39h, 21 juin Répondre

      Coucou Nath! Je suis contente de t’avoir appris des choses surtout sachant que tu es médecin. Merci beaucoup pour ta franchise et ton soutien. Bises Carole

  • Aline
    Posted at 10:56h, 20 juin Répondre

    Merci pour cet article riche en informations ! Et vivement le suivant….
    Je n’ai pas eu dans ma vie une alimentation sauvage comme celles de beaucoup aujourd’hui. Mais j’ai mangé familial, en bonne quantité… c’est à dire, trop …. j’ai du mal avec la diète cétogène car j’ai surtout du mal à me passer de fruits…quand on me donne un panier d’abricots ou de cerises, que l’on ouvre une pastèque ou un melon, je ne peux pas m’empêcher d’en manger…je peux éliminer les féculents, je’ l’ai fait d’ailleurs… mais les fruits… c’est très dur! Oui je sais, il y a les baies autorisées… mais ça ne suffit pas…

    • Carole
      Posted at 07:44h, 21 juin Répondre

      Bonjour Aline, Je te comprends tout à fait pour les fruits , d’autant qu’on arrive à la saison où il y en a plein! Je pense que tu peux juste essayer de limiter par exemple à deux portions de fruits par jour c ‘est déjà pas mal. Et puis melon et pastèque ont un index glycémique plus bas que les cerises. Fait ton petit tri , ne te prive pas et prend en petite quantité. Autrement dit tu fais du low carb mais dans ce cas(j’insiste…) ajoute du gras . Ne passe pas en dessous de 100 gr de matières grasses ajoutées . Tu auras moins de fringales. Au plaisir d’avoir de tes nouvelles Aline!

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